Maison Frank-Loeb

Résidence de la famille Frank depuis 1870. Lieu de naissance de Michael Frank, le grand-père d’Anne Frank.  À l’époque du national-socialisme, cette maison traditionnelle servait de ‹ maison pour Juifs › : les Juifs de Landau y furent expulsés avant d’être déportés au camp d’internement de Gurs le 22 octobre 1940 dans le cadre de l’Aktion Wagner-Bürckel. Après 1945, le bien appartint à des particuliers. Depuis 1987, la maison est un lieu de mémoire avec des expositions permanentes sur l’histoire des Juifs de Landau et l’histoire des Sintis et des Roms du Palatinat.

 

Contact

Maison Frank-Loeb
Kaufhausgasse 9
76829 Landau
Allemagne

Teléphone : +49 | 0 | 6341 | 13 41 02

Heures d’ouverte :
Du mardi à jeudi : 10 h à 12 h et 14 h à 17 h
Du vendredi à dimanche : 11 h à 13 h
Accès libre

Expositions permanentes :
Histoire des Juifs de Landau et Sintis et Roms dans le Palatinat

Visites guidées uniquement pour les groupes sur rendez-vous office du tourisme
Teléphone : +49 | 0 | 6341 | 13 83 01 ou +49 | 0 | 6341 | 13 83 02

 

L’Aktion Wagner-Bürckel

La déportation concertée de plus de 6.000 Juifs de 137 communes du sud-ouest de l’Allemagne le 22 octobre 1940 est également connue sous le nom d’Aktion Wagner-Bürckel.
Robert Wagner (Baden) et Josef Bürckel (Palatinat), gauleiters nazis, avaient été nommés par Adolf Hitler ‹ chefs de l’administration civile › en Alsace et en Lorraine le 2 août 1940. On leur accorda des pouvoirs presque illimités pour qu’ils puissent ‹ germaniser › le plus rapidement possible les territoires annexés.

Un an avant le début de la déportation systématique vers les camps d’extermination de l’est du Reich, Wagner et Bürckel firent ‹ délocaliser › en France les Alsaciens et les Lorrains défavorables au régime ainsi que la population juive de leur région. Tôt le matin du 22 octobre 1940, des Juifs du Bade, du Palatinat et de la Sarre furent arrêtés à leur domicile et emmenés.

Tôt le matin du 22 octobre 1940, les ‹ Juifs transportables › vivant dans le Palatinat, le Bade et la Sarre furent arrêtés à leur domicile et emmenés.

Une notice contenait des instructions détaillées sur la marche à suivre par les fonctionnaires chargés de l’opération. Ses termes indiquent clairement le harcèlement et la pression auxquels furent soumises ces personnes déjà privées de leurs droits :

1. Seuls les Juifs à part entière sont déportés.

Les métis, les membres de familles issues de mariages mixtes et les Juifs étrangers, dans la mesure où ils ne viennent pas des États ennemis et des territoires occupés par nous, doivent être exclus de l’action. En principe, les Juifs apatrides doivent être arrêtés. Tout Juif est considéré comme transportable, à l’exception des Juifs grabataires.

2. Des points de rassemblement ont été installés à Ludwigshafen, Kaiserslautern et Landau pour enregistrer les Juifs. Les personnes arrêtées seront amenées sur place en bus. Pour chaque bus, un agent de la police judiciaire est désigné comme guide de transport. Si nécessaire, il se voit affecter des forces de police, de gendarmerie ou des agents de la police judiciaire.

(…)

5. Une fois que les détails personnels des Juifs ont été portés à la connaissance des fonctionnaires désignés, ces derniers se rendent au domicile des personnes concernées. Ils les informent alors qu’ils sont arrêtés pour être expulsés, et il faut leur dire qu’ils doivent être prêts à partir dans les 2 heures. En cas de doute, les questions sont adressées au chef du centre de rassemblement, qui tâchera d’y répondre ; le report des préparatifs n’est pas autorisé.

6. Si possible, les personnes arrêtées doivent emmener avec elles :
a) une valise ou un colis d’affaires pour chaque Juif ; le poids autorisé est de 50 kg pour les adultes et de 30 kg pour les enfants,
b) des vêtements complets,
c) une couverture de laine pour chaque Juif,
d) à manger pour plusieurs jours,
e) de la vaisselle pour manger et boire,
f) jusqu’à 100 RM en espèces par personne,
g) les passeports, cartes d’identité ou autres documents d’identification, qui ne doivent pas être emballés, mais portés sur soi.

7. Les objets suivants ne peuvent pas être emportés : livrets d’épargne, titres, bijoux et argent en espèces au-delà du seuil mentionné (100 RM). Ces objets doivent être confisqués par les agents et placés dans une enveloppe. L’enveloppe sera scellée et marquée au recto avec le prénom, le nom, le lieu de résidence et le domicile du propriétaire ainsi que le nom, le grade et le lieu d’affectation du fonctionnaire chargé de la sécurité. Le propriétaire des objets doit noter à la main son prénom et son nom de famille au dos de l’enveloppe. L’enveloppe doit être remise au chauffeur du convoi.

8. Pour chaque chef de famille ou Juif indépendant, un questionnaire doit être rempli conformément au formulaire et signé par l’agent.

9. Avant de quitter l’appartement, il faut veiller aux points suivants :

a) Le bétail et les autres animaux vivants (chiens, chats, oiseaux chanteurs) doivent être remis au chef de bureau, au chef de groupe local,au chef d’exploitation agricole local ou à toute autre personne compétente en échange d’un reçu,
b) Les denrées périssables doivent être mises à la disposition du NSV,
c) Les feux doivent être éteints,
d) L’eau et le gaz doivent être coupés,
e) Les fusibles électriques doivent être dévissés,
f) Les clés du logement doivent être attachées ensemble et marquées d’une étiquette indiquant le nom, le lieu de résidence, la rue et le numéro de la maison du propriétaire,
g) Les personnes arrêtées doivent, dans la mesure du possible, être fouillées avant leur départ pour rechercher armes, munitions, explosifs, poison, devises étrangères, bijoux, etc.

10. Après avoir quitté le domicile, l’accès au domicile doit être fermé par les agents et scellé avec le ruban adhésif approprié. Le trou de la serrure doit être recouvert de ruban adhésif.

11. Après que les personnes arrêtées ont été emmenées dans le bus, l’agent remet les objets ou objets de valeur, les formulaires et les clés mis sous garde au chauffeur, qui les déposera au centre de rassemblement.

12. Après la remise des personnes arrêtées au point de rassemblement, le chauffeur vérifie la liste qui lui a été remise, la corrige si nécessaire et y ajoute une note d’accompagnement.

13. Il est impératif que les Juifs soient traités correctement lors de leur arrestation. Les débordements doivent être évités à tout prix.

 

Deux trains du Palatinat et sept trains du Bade transportèrent des personnes via Dijon, Lyon, Carcassonne, Toulouse, Lourdes et Pau vers Oloron-Sainte-Marie, en bordure des Pyrénées.

À Oloron, les déportés furent conduits en camion au camp de Gurs, à 13 km de là.

Le 29 octobre 1940, Reinhard Heydrich, chef de la Sipo et du SD, informa le SA-Standartenführer Luther au ministère des Affaires étrangères à Berlin que les 22 et 23 octobre, 6.504 Juifs du Bade et du Palatinat avaient été ‹ conduits dans la partie inoccupée de la France via Charlon-sur-Saône, en accord avec les services locaux de la Wehrmacht, sans notification préalable aux autorités françaises. La déportation des Juifs s’est déroulée sans heurts et sans incident dans toutes les villes du Bade et du Palatinat. L’action en elle-même est passée inaperçue auprès de la population. L’enregistrement des biens juifs ainsi que leur administration fiduciaire et leur exploitation sont effectués par les présidents des gouvernements responsables. Les Juifs vivant en mariage mixte ne faisaient pas partie des convois. ›

La déportation du 22 octobre 1940 fut un cas d’école pour toutes les déportations ultérieures.

 

Chronique


1952

Le Landesamt für Denkmalpflege proposa que le bâtiment soit classé monument historique sur la base de sa valeur historique. Cependant, cela ne fut concrétisé qu’en 1981.

1959

Le 1er septembre, la maison devint la propriété de la ville. Le projet d’y installer le musée d’histoire locale ne fut pas réalisé. Il fut également envisagé de donner au bâtiment le nom de Maison Anne Frank et de créer un centre de documentation sur l’histoire de la communauté juive de Landau.

1980

Le 25 avril, des habitants de Landau fondèrent le Verein der Freunde des Frank-Loebschen-Hauses (Association des amis de la maison Frank-Loeb), qui se chargea de la rénovation et du financement de la maison.

1981

La ville et l’association élaborèrent un concept d’utilisation

1983

En septembre, d’importants travaux de restauration et d’agrandissement commencèrent dans le cadre de l’objectif prévu. Le Land de Rhénanie-Palatinat soutint la rénovation par le biais de subventions répétées et importantes. L’association leva 400.000 DM par le biais de campagnes de publicité et de dons sur une période de cinq ans.

1987

Inauguration de la maison entièrement restaurée le 7 mai. D’anciens concitoyens juifs revinrent dans leur commune d’origine à l’invitation de la ville et participèrent à l’inauguration de la maison.