Mémorial du camp spécial SS / camp de concentration de Hinzert

Le camp exista de 1939 à 1945. Au cours de cette période, plus de 13.000 hommes d’une vingtaine de pays y furent détenus. Le camp comptait 560 places, mais il était occupé en moyenne par 800 prisonniers. Il y eut 321 décès attestés à Hinzert à la suite de tortures, d’absence d’assistance médicale, de meurtres par balle ou par injection mortelle. Cependant, il n’est pas certain que toutes les personnes assassinées à Hinzert et enterrées dans les environs du camp aient été retrouvées.

Exposition permanente sur l’histoire du camp, les détenus, les faits et les auteurs, les meurtres à Hinzert, la vie quotidienne dans le camp, les productions artistiques des détenus, l’ère post-1945. Un cube de projection au milieu de l’exposition contient des films d’information et des cartes électroniques sur la position du camp spécial SS dans le système nazi des camps de concentration.

 

Contact

Mémorial du camp spécial SS / Camp de concentration de Hinzert
An der Gedenkstätte
54421 Hinzert-Pölert
Allemagne

Téléphone : +49 | 0 | 6586 | 99 24 93
Fax : +49 | 0 | 6586 | 99 24 94
E-mail : info@memorial-hinzert-rlp.de

Page web : www.gedenkstaette-hinzert-rlp.de

Heures d’ouverte de l’exposition :
Du mardi au vendredi : de 9 h à 13 h, de 14 h à 17 h
Samedi, dimanche, jours fériés : de 14 h à 17 h

Heures d’ouverte du cimetière :
Tous les jours de 9 h à 17 h (entre avril et septembre, jusqu’à 19 h)

 

Chronique


1938

Camp de baraquements pour les ouvriers chargés de la construction de la ligne Siegfried et de l’autoroute du Reich.
Lien d’Hinzert

Ligne Siegfried : complexe militaire de 630 kilomètres de long composé de bunkers, de dents de dragon et de barrières anti-chars. Début des travaux de 1934 à 1939. Dans le jargon édulcoré des nazis, elle servait à la défense du pays ; toutefois, l’objectif dissimulé était de préparer la guerre, créer des emplois et faire de la propagande. En raison des mensonges et des demi-vérités qui se répandirent sur l’état structurel et la capacité défensive du « Mur de France », des combats eurent lieu dans le Hürtgenwald durant l’hiver 1944 – 45, ce qui retarda la fin de la guerre.
Lien 1 de Westwall et Lien 2 de Westwall

1939

Printemps : camp de détention de la police et camp de rééducation par le travail pour les ouvriers de l’organisation Todt qui avaient commis des crimes aux yeux du national-socialisme et devaient être ‹ rééduqués › par des exercices militaires.

‹ Pensionnaires › : détenus des camps de rééducation par le travail. Leur séjour était limité dans le temps. Les nazis supposaient que la terreur restaurerait leur zèle et les pousseraient à améliorer leur comportement.

Différence entre un camp spécial SS et un camp de rééducation par le travail : c’est la durée de la peine d’emprisonnement qui permet de distinguer les deux types de camps. Alors que la peine d’emprisonnement dans le camp de détention de la police durait deux à trois semaines, elle était estimée à deux à trois mois dans le camp spécial SS.

Novembre : Hinzert devint un camp spécial SS. On y enferma des personnes accusées de manque de discipline au travail ou de ‹ comportement antisocial ›, que l’on qualifiait de ‹ réfractaires au travail ›, ‹ refusant de travailler ›, ‹ fainéants notoires › ou ‹ ivrognes patentés ›.

L’une des caractéristiques du camp spécial était que les prisonniers y étaient enfermés au-delà de la période de détention de trois semaines en vigueur chez la police. De plus, le camp avait des tâches spéciales.

‹ Détention préventive › : la détention préventive était le moyen le plus efficace pour la Gestapo d’opprimer ses opposants politiques et d’autres groupes de population qui avaient été identifiés comme des ennemis. C’était une expression de l’arbitraire et de la toute-puissance de la police. Un mandat de détention préventive signifiait généralement la déportation vers un camp de concentration. Déjà dans la loi prussienne sur l’administration de la police de 1931, elle était mentionnée comme un moyen de protéger l’ordre public.

28 février 1933 : décret d’urgence sur la protection du peuple et de l’État. Il suspendait le droit fondamental à l’inviolabilité de la liberté individuelle et légalisait la persécution des opposants politiques. La détention préventive pouvait à présent être ordonnée sans mandat du tribunal. Il suffisait d’un simple soupçon pour procéder à une arrestation. La Gestapo eut recours à la détention préventive pour combattre les opposants au régime. Contrairement aux peines imposées par un tribunal et à la détention policière de courte durée, la détention préventive était illimitée et ne nécessitait aucune preuve.

‹ Polonais E › : travailleurs forcés polonais arrêtés pour avoir eu une relation avec une Allemande. En raison de leur ‹ apparence aryenne ›, ils devraient être ‹ germanisés ›. À Hinzert, leur ‹ aptitude à la germanisation › devait être vérifiée par des fonctionnaires du Bureau central de la race et de la colonisation. ‹ E › signifiait ‹ eindeutschungsfähig ›, c’est-à-dire ‹ germanisable ›. La durée de la procédure était de six mois. En cas de décision positive, la personne concernée devait épouser sa dulcinée allemande et s’installer dans le Reich allemand. Si le détenu recevait un verdict négatif, il était expulsé vers le camp de concentration le plus proche de son ancien lieu de résidence

1940

Avec le début de la guerre et l’occupation d’une grande partie de l’Europe occidentale par la Wehrmacht, la ligne Siegfried perdit son utilité et les travaux cessèrent. Le camp de rééducation de Hinzert fut transformé en camp de concentration principal et en camp spécial SS le 1er juillet.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Gestapo de Trèves enleva environ 1.600 Luxembourgeois qu’elle soupçonnait de résistance politique. Hinzert devint un camp de transit pour les résistants du Benelux en route vers les camps de concentration de Buchenwald, Dachau et Natzweiler.
Les prisonniers de Hinzert venus d’Europe de l’Est étaient des étrangers et des travailleurs forcés qui avaient été déportés en Allemagne.

Il n’y avait guère de communistes et de sociaux-démocrates d’origine allemande parmi les prisonniers. La Gestapo de Trèves, responsable de Hinzert, avait déjà brisé leur résistance.

1941

Avril, annexe de la Gestapo de Trèves dans le camp de Hinzert comme lieu de détention, d’interrogatoire, de torture et d’exécution. Substitut du département politique associé à tous les camps de concentration.

Ordre du commissaire : décret de Hitler en date du 6 juin 1941. Il prévoyait que les ‹ commissaires politiques › ne seraient pas traités comme des prisonniers de guerre, mais feraient l’objet d’un ‹ traitement spécial ›. En d’autres termes, ils furent assassinés juste après leur arrestation. Le 16 octobre 1941, un commando de travail assassina 70 prisonniers de guerre soviétiques par injection de cyanure dans la zone d’entraînement militaire de Baumholder à Hinzert. Le choix du mode d’exécution s’était porté sur l’injection létale parce que des coups de feu auraient été entendus dans les villages voisins.

1942

Détention à Hinzert des ‹ prisonniers Nuit et Brouillard ›, résistants français, belges, néerlandais et luxembourgeois.

‹ Prisonnier Nuit et brouillard › : ce nom fait allusion au décret Nacht und Nebel (Nuit et brouillard) publié par Adolf Hitler le 7 décembre 1941. Il était dirigé contre les résistants dans les territoires occupés d’Europe occidentale. Leur arrestation eut lieu en secret, ‹ dans la nuit et le brouillard ›. Ils furent ensuite déportés vers le Reich allemand et traduits devant un tribunal spécial. Cette procédure avait pour but de dissuader les opposants. En effet, l’incertitude qui en découlait concernant leurs proches et leurs compagnons d’armes devait briser leur résistance et avoir un effet plus fort qu’une exécution publique des prisonniers.

30 août : service militaire obligatoire pour tous les Luxembourgeois nés entre 1920 et 1926

31 août : suite à l’enrôlement forcé des Luxembourgeois dans la Wehrmacht allemande, une grève générale eut lieu à Wiltz

1er septembre : la puissance occupante allemande proclama l’état d’urgence au Luxembourg
Du 2 au 5 septembre : un tribunal exceptionnel à Esch et à Luxembourg-Ville prononça arbitrairement 20 condamnations à mort. Elles furent exécutées juste à côté du camp de Hinzert

Témoin contemporain
Le mineur et syndicaliste luxembourgeois Albert Kaiser (1892 – 1973) d’Esch fut arrêté par la Gestapo le 18 novembre 1942 pour ‹ atteinte à la sécurité de l’État › et incarcéré à Hinzert. En 1923, il avait déjà publié ses premières caricatures de critique sociale. En 1955, la série « Memento » fut publiée avec 80 linogravures dans lesquelles il dépeignait de manière dramatique la vie quotidienne à Hinzert, marquée par la faim et la brutalité.

1943

Automne : déportation vers Hinzert de 350 Luxembourgeois accusés de résistance suite à la grève générale.

1944

Fin janvier : l’administration civile à Coblence, la Sipo et le SD au Luxembourg prononcèrent 25 condamnations à mort lors d’une séance.

25 février : 23 personnes furent choisies parmi les 350 Luxembourgeois emprisonnés à l’automne 1943 et furent fusillées sans procès.

21 novembre : le camp spécial SS / camp de concentration de Hinzert fut affecté au camp de concentration de Buchenwald

1945

15 février : dernier transport de prisonniers vers Hinzert
Fin février : destruction de certaines parties du camp par les raids aériens alliés

2 et 3 mars : évacuation du camp spécial SS. Les prisonniers durent marcher vers le camp de concentration de Buchenwald. Libération des prisonniers de Hinzert près de Langendiebach (Hesse)